Il y a bien longtemps (genre 2008 ou 2009), dans une contrée lointaine (Paris), très lointaine (Ok, plutôt l’extrémité sud ouest de Paris, ou alors tout à l‘est, faudrait vérifier, en tout cas c‘était pas au centre), se trouvait notre bande de héros (moi et des potes, mais ils sont pas supers important dans l’histoire).
Nos 4 héros (ou 3 ou 5, je sais plus exactement donc je fais une moyenne), ne s’étaient pas vu depuis longtemps, et pourtant, ils s’aimaient bien, c’était une sacré petite bande de copains (enfin, si je me souviens bien, j’étais le seul mec de la bande, mais là encore je suis pas sûr). Le plus dégourdi d’entre eux, M (c’est moi!), chercha sur Infoconcert un concert gratos et sympa où ils pourraient se retrouver. Il y en avait beaucoup, alors il écouta sur Myspace les différents groupes, et proposa sa sélection à ses amis qui n’avaient désormais plus qu’à choisir lequel les arrangeait (vous vous dîtes que je suis un sacré bon ami, mais c‘est pour compenser mon visage immonde). Ses amis, qui décidément étaient vraiment une chouette bande de potes, avaient une préférence pour la black du China. Ca tombait bien, M aussi.
Partant pour l’aventure, les comparses arrivèrent au China (ah oui j‘avais oublié de dire que le China c‘est le bar où il y avait le concert, un super bar, à priori encore ouvert, où il y a presque tous les jours des concerts gratuits), sourire aux lèvres, mais un peu fatigué d’avoir cherché un bon bout de temps. Bien que dans un quartier un peu louche, l’extérieur était assez classe. En fait, ils apprirent que le bar était au sous sol, il s’agissait là du restaurant. Pas de chance, il fallait réserver. Nos héros sont tristes, surtout que M, adeptes des plans foireux et fier de l’être, prend rarement la peine de vérifier quoi que ce soit avant d’embarquer ses gais lurons dans une aventure. Du coup il sent qu’il va recevoir une bonne série de reproches si l’épopée se termine là. Mais M a une bonne étoile (enfin elle se manifeste vachement rarement mais par exemple la 1ère et seule fois que j’ai parié sur une courses de chevaux je me suis fait plein d’argent), alors « il s’avère qu’il reste encore un peu de place pour vous ». En fait, M entend la phrase comme ça par ce qu’il aime bien ce genre d’histoire, mais c’est probablement pas tout à fait ce qu’a dit la personne. Toujours est-il que la super équipe descend au sous-sol voir le tant attendu concert, et s’enfiler quelques grammes d’alcool au passage, par ce que c’est un peu ça l’essentiel d’une retrouvaille entre amis. Pas de chance, ça coute bonbon, et mêmes si les potes de M ne sont pas aussi pauvres que lui, ils font semblant de l’être pour ne pas avoir à lui payer de verre, quitte à eux-mêmes ne pas trop boire (cette partie de l’histoire est relativement fausse, mais le narrateur a trouvé qu’accentuer mon rôle de victime permettait de mettre en relief mon courage face à l‘adversité).
Pour nos Robins des bois, ca sera donc une bière(et des boissons de tapettes pour les filles) pour tout le concert. Les chenapans sont arrivés sacrément en retard, mais il semblerait que le groupe ait un sens de la ponctualité encore plus vacillant (en réalité, pour y être retourné plusieurs fois, aucun concert au China ne commence avec moins de 45 minutes de retard). Pas grave, ça fait longtemps qu’ils ne se sont pas vus alors ils ont tout un tas de choses à se dire. Arrive enfin la star (enfin appelons la Inna Modja, personne ne la connaissait à l’époque donc c‘était pas vraiment une star). C’est donc dans cette salle d’environ 40 personnes qu’elle vient faire coucou au public. Nos héros sont surpris, et particulièrement M, qui est moins vif que la moyenne. Lui qui pensait, au vue de son myspace en anglais et de son accent parfait, qu’Inna Modja était une afro-américaine, quelle surprise de la voir venir à leur table dire bonjour (heureusement qu’elle n’avait pas encore chanté, par ce que si après le concert elle m’avait dit au revoir je crois que je me serai évanoui comme une vulgaire fan de zack effron). Toujours est-il qu’elle vient dire bonjour à tout le monde pendant que ses musiciens s’installent, et on peut penser que sur les 40 personnes, au moins le ¼ était de sa famille ou ses amis tant elle resta longtemps à certaines tables. L’ambiance était intime, les lumières feutrées, les gens buvaient et riaient. Bref, il était temps que le concert commence avant que ca tourne en orgie sexuelle.
Il parait que l'UNESCO hésite à la classer comme 8ème merveille du monde
Et c’est là que le concert débuta. Inna Modja au chant, un batteur, un guitariste et un clavier, ca promettait pas d’être hyper rock‘n‘ roll. Mais quand le 1er mot échappa des lèvres de la chanteuse, chacun comprit qu’il y aurait un avant et un après. Dans la troupe de spectateurs, certains trouvèrent même la foi (le narrateur est omniscient, d’où sa capacité à savoir ce que tout le monde pense). En effet, comment croire qu’il n’y avait pas une entité supérieure pour avoir créer un tel être. Certains trouvèrent l’amitié, l’amour, la jeunesse… Enfin bon, tout le monde y trouva son compte. Et le « tout le monde » inclut la chanteuse elle-même qui, après une seule chanson, avait à sa disposition un quarantaine de personnes prêtes à mourir pour elle. Puis au fil du temps, Inna Modja révéla sa vraie nature. Elle était en fait l’incarnation de la beauté, la déesse Vénus, la sagesse incarnée qui aurait éclatée le serpent au lieu de se laisser séduire comme cette salope d’Eve. Tout homme, hétérosexuel ou non, raciste ou pas, aurait été forcé d’admettre qu’il s’agissait d’une femme magnifique. Mais tout spectateur était tout simplement obligé de se dire que son ex-femme, sa femme, ou sa future femme, ne serait jamais au niveau. Et toute spectatrice devait s’avouer que son hétérosexualité montrait ses limites face à cette princesse à la peau café.
M, parmi cette débauche de remises en question, se contenta de rester durant toute la durée du spectacle la bouche ouverte, ébahi, ne la fermant que pour digérer sa bière et par là-même, son émotion.
Les chansons s’enchainaient, et on pouvait lire la peur se dessiner sur les visages, peur que ce moment de délice prenne fin, que la vie recommence. Puis, sur la chanson « It’s alright », Inna Modja dédicaça cette chanson à deux de ses amis, morts dans un accident de voiture, qu’elle avait apparemment enterré le jour même. Elle ne put faire sa chanson en entier, tant elle pleurait et s’excusait de pleurer en même temps. Bien sur, personne ne lui en voulait. Les plus virils avaient la larme à l’œil pendant que ça commençait sérieusement à chialer sa mère dans toute la salle (n’étant pourtant pas un grand adepte des pleurnicheries, je dois avouer que rien que d'y penser m'émeut).
Toute bonne chose à une fin. Les applaudissements durèrent un bon moment, même si il eut fallut applaudir toute une vie pour rendre aux artistes l’émotion transmise. A 4 ou 5 euros le verre, on avait pu remplir un océan de souvenirs inoubliables. Inna Modja avait rendu la vie d’une quarantaine de personnes plus supportables. Elle leur avait juste offert du bonheur sous sa version la plus pure. Ce n’était qu’un début, plus tard sortirait son album Everything is a new world, et le monde entier aurait à disposition un aperçu de ce moment unique.
La bande continua de se réunir, mais, malgré de belles tentatives pour trouver un bon concert par-ci par-là, jamais plus ils ne vécurent un tel moment. Ah, et vous voulez savoir ce qu’en dirent les amis de M à la sortie du China: « c’était bien », « c’était génial », « c‘était une bonne surprise M ».
Pff, bande de blaireaux, si c’est les seuls mots qui vous viennent à l’esprit quand votre vie trouve tout son sens, c’est bien la peine. Mais je m'en fous, le lendemain du concert Inna m'a accepté en ami sur facebook, alors je peux mourir heureux, en espérant que sera marqué un jour sur son profil facebook "mariée avec M" .