Si de nos jours, la télé emploie le mot génocide à tort et à travers, elle n’évoque que très rarement la tragédie cambodgienne. On ne vous fera pas un résumé des évenements car il s’agit d’une fraction d’histoire aussi complexe que passionnante, et dont personne ne se plaint qu’elle ne soit pas enseignée chez nous. Toujours est-il que les khmers ont fait pas mal de divisions avec la population cambodgienne, et en particulier celle d’origine chinoise.
Mais, et j’insiste, apparemment pas assez pour que cela rentre dans les programmes d’histoires du genre « relations internationales de 1945 à 1991 ». Mais ne blâmons pas trop nos sociétés, on fait quand même des procès d’ampleurs international pour juger les coupables une décénnie ou plus après les faits, histoire que les responsables de massacres en tout genre aient le temps de profiter de tout l‘argent recueillis sur les piles de cadavres qu‘ils laissent derrière eux, que ce soit pour les Balkans ou le Cambodge. Comme quoi les Fatals Picards ont raison, il est de moins en moins contraignant d’exercer le métier de dictateur, puisque tout le monde s’en fout.
En tout cas, une fois la dictature renversée (mais pas entièrement vaincue), en 1979, il n’y avait plus grand monde pour se souvenir des traditions antérieures. Vous me direz, c’est pas par ce qu’un pays voit mourir 1/3 de sa population en 4 ans qu’elle en devient amnésique. Certes, mais ca traumatise un peu (c’est sûrement pour ca qu’on en parle pas trop en France, histoire de pas raviver les souvenirs). Si il n’y avait pas grand monde, il en restait cependant, et ceux-ci fondèrent la Compagnie Nationale de Dance du Cambodge. On trouve très peu d’informations sur eux sur internet, excepté que les instruments employés sont voix, gongs, cymbales, xylophones, hautbois et percussions.
A l’aide de cette magnifique variété d’instruments, la compagnie nous émeut, nous fait voyager, nous rappelle son existence. Mais il ne s’agit pas là de s’apitoyer sur le passé et de verser les larmes, il s’agit de construire un meilleur futur. Les musiques traditionnelles sont interprétés de la plus délicieuse des manières (« Bohrapha »), et d’autres musiques plus modernes nous laisse entrevoir les perspectives d’évolutions de la musique cambodgienne (« Nor Kor Reach »).
Cependant, seuls les véritables amateurs de musiques d’Asie du Sud-est y trouveront leurs comptes. Moi-même ne faisant pas partie de cette catégorie, j’avoue qu’il est bien difficile de ne pas se lasser rapidement de certains titres qui ne trouveront leurs places dans votre discothèque que dans une soirée à thème! On n’accroche donc pas toujours, mais pour autant on n’en vient jamais à souffrir de l’écoute Homrong. Au contraire, chacune d’entre elle est une rédecouverte procurant à la fois une bouffée d’air mêlant le respect pour un peuple qui a tant souffert sous les yeux passifs du monde entier et d’espoir d’assister à une renaissance, notamment sur le plan culturel.
Sinon, il parait qu’1/3 des chrétiens d’Irak ont déjà été assassiné ou forcé de fuir leur pays depuis l’intervention américaine de 2003. Vivement un album en 2025. Enfin qui sait, d’ici là, ils n’existeront déjà peut-être plus, et nos livres d’histoires omettront encore une de ces nombreuses péripéties de l’humanité où tout le monde préféra fermer les yeux que tendre la main.
7/10